Qui est Seifeddine Rezgui, auteur de l'attentat qui a fait 38 morts a Sousse, en Tunisie


Tout sourire, le jeune homme aux cheveux ébouriffés et au T-shirt blanc pose entre deux kalachnikovs, adossé à un mur ensoleillé. Ainsi est apparu au monde Seifeddine Rezgui, 24 ans, sur une photo diffusée par l’Etat islamique (EI) en appoint de la revendication du carnage d’El-Kantaoui, près de Sousse, sur le littoral de l’Est tunisien, qui a fait 38 morts vendredi 26 juin chez les clients étrangers d’un hôtel et autant de blessés.


Plus de trois mois après l’attaque contre le Musée du Bardo (22 morts dont 21 étrangers), c’est un peu le même profil de jeunes djihadistes tunisiens qui émerge, garçons au parcours en apparence « normal », chez lesquels famille et voisins ne détectent a priori aucun indice d’engrenage extrémiste. Sous le choc, la Tunisie n’en finit pas de s’interroger sur cette frange de sa jeunesse qui a déclaré la guerre à la « transition démocratique exemplaire » louée à l’étranger.

Seifeddine Rezgui est né en 1990 dans une famille pauvre de la localité de Gaafour, située dans le gouvernorat de Siliana, emblématique de cette Tunisie de l’intérieur où couve une grogne sociale récurrente contre le mal-développement. Plutôt bon élève, le jeune bachelier s’installe à la rentrée 2011 à Kairouan, où il s’inscrit à l’Institut supérieur des sciences appliquées et de technologie. Il y poursuivra des études jusqu’au master dans la filière « pilotage et réseaux industriels ».

Durant ses deux premières années à Kairouan, l’étudiant mène une vie typique de sa génération, selon les éléments rapportés par la presse tunisienne. Il est un passionné de football – ardent supporteur du Real de Madrid et du Club africain de Tunis – et de breakdance. Il met en ligne ses performances de danseur sur sa page Facebook, où il partage également chansons (il aime Enrique Iglesias) et sketchs de télévision.


Changements de comportement

Mais, à l’automne 2013, le jeune homme ordinaire semble changer. Sa page Facebook (fermée depuis l’attaque de Sousse) diffuse principalement des messages islamistes à partir du début 2014, rapporte Hedi Yahmed, rédacteur en chef du site d’information Hakaekonline et auteur d’un ouvrage (« Sous la bannière du vautour », non traduit en français) sur la mouvance djihadiste tunisienne. C’est l’époque où Seifeddine Rezgui commence à fréquenter les milieux salafistes de Kairouan, une ville restée fière de son prestigieux passé de centre de rayonnement de l’enseignement coranique en Afrique du Nord. Cet automne 2013 est particulièrement tendu entre le mouvement salafiste Ansar Al-Charia et le gouvernement, dirigé alors par le parti islamiste Ennahda. Après une phase initiale de laxisme, ce dernier se résout à durcir son attitude à l’égard d’Ansar Al-Charia à la suite d’assassinats de personnalités de la gauche laïque. Kairouan est l’un des théâtres de cette fièvre.

C’est l’une des énigmes entourant le parcours de Seifeddine Rezgui. Alors que sa page Facebook ne trahit plus aucune ambiguïté en 2014 au fil de messages glorifiant l’Etat islamique (émergeant en Irak) et appelant au djihad, il n’attire pas pour autant l’attention des autorités. Est-ce parce qu’il change à nouveau de comportement ? Selon Mongi Khadraoui, journaliste au journal électronique Al-Chorouk Online, Seifeddine Rezgui finit par s’éloigner des milieux salafistes, en tout cas en apparence. Cherche-t-il à passer inaperçu ? « On ne peut exclure qu’il pût s’agir d’une tactique », spécule Mongi Khadraoui. La question vaut d’autant plus d’être posée qu’à partir de la fin 2014 sa page Facebook devient inactive.


Connexion libyenne ?

La dérive franchit à l’évidence un cap supplémentaire. Selon Hedi Yahmed, citant une source sécuritaire, Seifeddine Rezgui aurait été en contact avec Yassine Laabidi, l’un des deux assaillants du Musée du Bardo. A-t-il séjourné comme lui dans un camp en Libye pour y subir une formation qui expliquerait le sang-froid professionnel qu’il a manifesté lors de la tuerie de Sousse ? Aucun élément ne permet de l’attester.

Son passeport n’indique aucune sortie du territoire, ce qui n’exclut pas pour autant l’hypothèse d’un séjour clandestin. Quoi qu’il en soit, une connexion libyenne demeure hautement probable. « La kalachnikov a dû lui être fournie par un groupe lié à la Libye », dit un diplomate occidental. Depuis que le chaos s’est installé dans ce pays, la contrebande transfrontalière est la principale source d’entrée d’armes en Tunisie.

Sur le lieu de la tuerie à Sousse en Tunisie, le 27 juin.

Ainsi le parcours de Seifeddine Rezgui est-il révélateur de la stratégie mise en place depuis 2014 par une mouvance salafiste tunisienne aux connexions s’approfondissant avec l’EI. La première génération de djihadistes post-2011 s’était trouvée associée aux maquis des monts Chaambi et Semmama du gouvernorat de Kasserine, proche de la frontière algérienne. Elle a été prise en charge par le groupe Okba Ibn-Nafaa, lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Enclavés géographiquement, ces insurgés – évalués à une centaine au maximum – s’en prennent exclusivement aux forces de sécurité tunisiennes. Mais une nouvelle période est en train de s’ouvrir avec l’entrée en scène de l’EI sur la scène djihadiste tunisienne. « Deux différences apparaissent, décrypte Hedi Yahmed. La première est que le combat quitte la montagne pour descendre en ville. La seconde est que seuls les étrangers sont désormais visés tandis que les Tunisiens sont épargnés afin de ne pas se couper de la population. » Une nouvelle donne lourde de conséquences pour la Tunisie démocratique.

Courage des Tunisiens  

Seifeddine Rezgui auteur de l'attentat en Tunisie arpente la plage, armé et habillé en vacancier.
Cette photo prise le jour de l’attentat de Sousse, le 26 juin 2015 et qui montre l’assaillant qui venait de tuer des dizaines de personnes, s’en allant tranquillement sous les regards des présents, a pas mal choqué les internautes.

Comment des êtres humains pouvaient-ils être si indifférents face à la tragédie qui venaient de se passer ?

Mais la réalité est toute autre. Ces personnes présentes sur la plage ont fait preuve d’un incroyable courage comme en témoigne un survivant britannique dans le « Mirror ».

John Yeoman a en effet déclaré que ces gens ne se contentaient pas de regarder, loin de là. Ils formaient un bouclier vivant pour protéger les touristes sur la plage des balles du terroriste.

Cette barricade humaine était essentiellement formée du staff de l’hôtel qui a empêché Seifeddine Rezgui de passer et a sauvé des dizaines de vies. John Yeoman a salué le courage de ces Tunisiens qui malgré l’horreur et la peur, se sont dressés désarmés, face à une Kalachnikov.


Sources : LeMonde.fr | Webdo.tn
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